Polyhandicap et école inclusive : une rentrée qui engage l’avenir
C’est la rentrée. Partout en France, des millions d’élèves franchiront à nouveau les portes de leur école, impatients de retrouver leurs camarades et de découvrir de nouveaux apprentissages. Mais cette rentrée 2025 a une résonance particulière à Grand-Quevilly, en Seine-Maritime : l’école Jean Cavaillès ouvre ses portes, pour la deuxième année consécutive, à une Unité d’Enseignement Élémentaire Polyhandicap (UEEP).
Quatre enfants, accompagnés par l’EEAP[1] APAJH Tony Larue, prendront le chemin de l’école dès le 1er septembre. Ils ne sont pas « à côté » des autres mais bel et bien élèves de l’école de leur quartier. Dans un contexte ordinaire, ils sont devenus « les extraordinaires », surnom affectueux que leurs camarades leur ont donné, en écho à la comédie musicale inclusive Elsa et les Extraordinaires. Voilà peut-être la plus belle des preuves : quand l’école s’ouvre à tous, elle se transforme en un espace d’humanité partagée.
Une première en Normandie, un signal pour la France
Cette UEEP est une première en Seine-Maritime. Elle accueillera jusqu’à six enfants de 6 à 12 ans, articulant apprentissages scolaires, soins et inclusion sociale. Ce n’est pas seulement un dispositif de plus, il s’agit d’une promesse tenue, celle du droit fondamental à l’éducation pour tous les enfants, quel que soit leur handicap.
Et cette promesse n’aurait pas vu le jour sans l’engagement de tous. Dans ce cadre, la force du partenariat est décisive, il y a la mairie de Grand-Quevilly, l’Éducation nationale, l’Agence Régionale de Santé, les enseignants volontaires et les professionnels de l’APAJH. L’école Jean Cavaillès a ouvert deux classes et sa cour de récréation. Les enseignants de CM1, déjà pleinement investis dans des projets inclusifs, ont poursuivi l’aventure. C’est cette synergie qui fait école !
Partager plus que des murs
Le partage de l’expérience est majeur car l’inclusion ne se décrète pas, elle se vit. Chaque semaine, les élèves de l’UEEP partagent également les pauses dans la cour, des temps sportifs et culturels, des lectures à haute voix, des projets. La Journée Handisport en a été un exemple marquant. À travers ces moments, les enfants apprennent ensemble ce que veut dire grandir dans une société qui ne laisse personne de côté.
Le 1er juillet dernier, lors de l’inauguration officielle, parents, enseignants et enfants ont livré des témoignages bouleversants. Tous disent que le handicap n’est pas un frein, mais une richesse pour construire une école plus ouverte, plus juste, plus humaine.
Une réussite collective qui doit essaimer
Cette rentrée est donc plus qu’un symbole, elle est une responsabilité. Oui, l’école inclusive est possible, même pour les enfants en situation de polyhandicap. Oui, elle est bénéfique pour tous. Mais encore faut-il que cette première normande devienne une source d’inspiration au niveau national.
Que faisons-nous, collectivement, pour que chaque enfant ait accès à l’école de son quartier, pour que chaque établissement soit prêt à accueillir la différence ?
En ce mois de septembre 2025, nous voulons rappeler avec force que le droit à l’éducation n’est pas une option, il est une obligation. C’est le combat fondateur des premiers militants APAJH. Cette nouvelle rentrée ne doit pas être confisquée pour des milliers d’enfants en situation de handicap.
L’Unité d’Enseignement Élémentaire Polyhandicap de Grand-Quevilly nous montre la voie. À nous de la suivre et de la multiplier, partout en France.
Aux pouvoirs publics de s’emparer de cet exemple afin qu’il essaime partout et que le droit à la scolarisation des enfants en situation de handicap soit une réalité sur l’ensemble des territoires de la République.
[1] Etablissement pour Enfants et Adolescents Polyhandicapés