Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil professionnel, était présent le 11 février dernier à l’inauguration de l’Adidas Arena, la seule installation construite dans la capitale pour les Jeux Olympiques et Paralympiques (porte de la Chapelle, 18e arrondissement de Paris). Administrateur national de la Fédération APAJH, il est très impliqué dans son club Paris Basket Fauteuil et se prépare actuellement pour les Jeux Paralympiques.

Pourquoi avoir choisi le basket fauteuil ?

Le basket fauteuil est un sport complet parce qu’il faut de la force pour pouvoir pousser son fauteuil et de l’adresse pour pouvoir tirer à trois mètres. C’est aussi un sport d’équipe et surtout les règles sont les mêmes que pour le basket classique. Les paniers sont à la même hauteur, sur le même terrain et avec le même temps de jeu. La seule différence, ce sont les fauteuils et tout le monde peut jouer, même les valides. En plus je suis compétiteur, je veux montrer ce dont je suis capable, que je ne suis pas juste une personne en situation de handicap. Je suis un athlète et j’ai envie de réaliser des performances.

Quand avez-vous créé Paris Basket Fauteuil et dans quel contexte ?

J’ai créé le club en 2021 pour répondre au manque de lieux d’entraînement à Paris que j’ai moi-même subi. Quand j’étais petit, il fallait que je traverse tout Paris pour trouver un club et en fauteuil c’était compliqué. Ensuite j’ai fait ma carrière à l’étranger car je voulais en faire mon métier mais je suis revenu en France pour être au cœur des Jeux et les préparer à Paris. A ce moment-là, je me suis rendu compte que le problème était toujours le même : un jeune qui veut faire du sport est obligé de faire des kilomètres. J’ai eu la chance de rencontrer l’adjoint au maire du 18ème arrondissement qui a entendu mon appel et donc j’ai créé l’association.

Le gymnase où ont lieu les entraînements est totalement accessible ?

Tout à fait. Les tribunes sont accessibles via un monte-charge, il n’y a pas de marches pour accéder aux vestiaires qui disposent de sièges pour se doucher. Et surtout il y a des moyens de transport accessibles à côté comme le tramway. C’est donc plus simple pour les jeunes de venir.

Pourquoi rejoindre l’APAJH ?

En premier lieu pour les valeurs de l’APAJH. Défendre les personnes en situation de handicap, quel que soit le handicap, je trouvais cela important, tout comme de partager mon expérience personnelle. J’ai eu la chance de rencontrer Jean-Louis Garcia, nous avons échangé et j’ai choisi de proposer ma candidature en tant qu’administrateur même si mon objectif principal cette année c’est les Jeux Paralympiques, et bien sûr, je continue à m’occuper du club.

Justement pour ce qui est des Jeux Paralympiques, comment vous préparez-vous ?

Je m’entraîne tous les mardis, mercredis et jeudis avec d’autres joueurs donc là c’est vraiment du haut niveau. Et tous les week-ends, il y a des matchs de championnat plus la Coupe d’Europe et la Coupe de France donc je fais quand même entre 30 à 40 matchs à l’année. Ensuite je fais un peu de musculation en complément, pour être à niveau c’est important.

Est-ce que le sport facilite votre vie en tant que personne à mobilité réduite ?

Totalement. Faire du sport permet dans la vie de tous les jours de faire des transferts plus facilement : de passer d’un fauteuil à un autre, d’un siège à un autre. Monter une marche ou un trottoir devient plus évident donc c’est vraiment un atout. Physiquement, on est plus sûr de soi, on montre une meilleure image de soi. C’est une façon de se prouver à soi-même qu’on peut être autonome et indépendant.

Quelle est votre vision en tant qu’entraineur ?

Pour commencer, je leur fais comprendre qu’ici peu importe leur handicap, si je dois les remettre à leur place je le ferai. Alors qu’à l’école ils ne seront pas forcément traités comme les autres. Moi je veux qu’ils comprennent que ce n’est pas parce qu’ils sont en fauteuil qu’ils n’ont pas de responsabilités. En tant que coach, j’essaie aussi de transmettre tout ce que le basket m’a apporté à moi : le côté compétiteur, le fait de ne pas abandonner, d’aller au bout des choses et que perdre c’est important pour progresser. La chance qu’on a au club c’est que les jeunes peuvent évoluer, commencer en loisir puis éventuellement passer ensuite en nationale 3.

Découvrez la suite de l’interview dans la Revue APAJH n°127