Lundi 15 mai, le cinéma Jacques Tati de Saint-Nazaire a accueilli une projection documentaire suivie d’un ciné-débat, initialement prévue le 22 mars, dans le cadre du festival Handiclap organisé par l’APAJH 44. Cette soirée, accueillant une cinquantaine de personnes, mettait à l’honneur le film A bras le corps, réalisé par Laurent Boileau et ayant pour sujet David Martineau, ancien adjoint à la culture de la Ville de Nantes et actuel conseiller départemental de Loire-Atlantique en charge du logement, en situation un handicap visible depuis sa naissance.


Guillaume Brochet, responsable du projet artistique du festival Handiclap, évoque avec nous aujourd’hui cette soirée inédite, de la naissance de l’événement en passant par sa portée.

Est-ce le film qui a fait naître l’idée d’un ciné-débat ou bien est-ce l’idée du ciné-débat qui a amené le choix du film ?

Nous avons d’abord découvert l’existence d’A bras le corps, dont la première diffusion a eu lieu en octobre 2022. Le festival Handiclap entretient des liens étroits avec le territoire nazairien qui souhaitait fortement accueillir des événements dans le cadre du festival. Or, la projection de film n’étant pas idéale sous chapiteaux – là où se déroulent les 4 jours de temps forts à Nantes – nous avons proposé cette projection à la Ville de Saint-Nazaire, qui a tout de suite accepté. La personnalité de David étant très ancrée dans le tissu local, il était donc facilement sollicitable et il est apparu comme évident pour tout le monde de proposer, en plus du film, un échange avec le public.

Pourquoi était-il important pour vous d’aborder la thématique de l’expression politique et culturelle pour les gens en situation de handicap, lors de ce ciné-débat ?

Cela permet de ne pas s‘appesantir uniquement sur la question du handicap, sans pour autant l’occulter évidemment. Finalement, ce qui est montré c’est avant tout une personne dans sa vie personnelle et professionnelle, au-delà de son handicap.

Comment A bras le corps aborde-t-il la question du handicap et comment a-t-il invité le public à réfléchir sur notre rapport à la norme physique et à la différence ?

Le film est introduit par une discussion entre David Martineau et Laurent Boileau. Cette discussion met justement en scène toutes les questions – parfois trop évidentes – qu’a pu se poser le réalisateur qui ne connaissait pas David. S’il s’agit certes d’une mise en scène, je trouve le procédé très sincère : Laurent Boileau avoue toutes les questions qui peuvent le traverser, des questionnements souvent bienveillants mais peut-être un peu voyeuristes ou sensationnalistes. Cette introduction permet alors au film de prendre une distance par rapport au sujet. Au final, le film ne répond à aucune de ces questions introductives : aux spectatrices et spectateurs de se faire son idée.

Comment ce type d’événements peut contribuer à sensibiliser le public et à favoriser une meilleure compréhension du handicap dans la société ?

Tout d’abord, il me semble important de visibiliser la réalité des personnes en situation de handicap, tel que David. La question est de savoir comment représenter cette réalité et je trouve que ce film sait trouver le ton juste. David nous a confié que ce film et son parcours ont pu aider des jeunes en situation de handicap à changer de point de vue sur leur situation, à mieux s’assumer. Je pense que le film a également pour vertu de montrer aux publics en situation de handicap la réalité d’une personne qui, bien qu’en situation de handicap, vit une vie ordinaire. Ce qui ressort du film, comme de la rencontre avec David, pour celles et ceux qui le connaissent, c’est que l’on oublie très vite son handicap. Mais le film montre également, sans le cacher, les difficultés réelles – liées notamment à l’environnement – que peuvent rencontrer les personnes en situation de handicap. Le film s’intéresse notamment aux problématiques d’accessibilité, par exemple.