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La Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté le mardi 10 janvier 2023 les contours du projet du Gouvernement pour l’avenir du système de retraites. À compter du 1er septembre 2023, l’âge légal de la retraite sera relevé progressivement de trois mois par an pour atteindre 64 ans, contre 62 actuellement.

Un départ à la retraite après 43 annuités de travail

Pour bénéficier de sa retraite à taux plein, il faudra, dès 2027 (au lieu de 2035 comme le prévoyait la réforme Touraine votée en 2014), avoir travaillé 43 annuités, soit 172 trimestres.

Les travailleurs ayant eu une « carrière longue » pourront toujours bénéficier d’un départ anticipé, en fonction de l’âge auquel ils ont commencé à travailler :

  • avant l’âge de 16 ans : départ à la retraite dès 58 ans ;
  • entre 16 et 18 ans : départ à la retraite à partir de 60 ans ;
  • entre 18 et 20 ans : départ à la retraite à partir de 62 ans.

Des mesures spécifiques pour un départ à la retraite des personnes en situation de handicap ou en invalidité et des aidants

Élisabeth Borne a annoncé la création d’un fonds d’investissement de l’usure professionnelle auprès de l’Assurance maladie, pour accompagner les établissements hospitaliers et médico-sociaux, doté d’un milliard d’euros.

Elle a également annoncé élargir le compte professionnel de prévention (C2P) à de nouveaux salariés, avec la création d’un congé de reconversion pour certains travailleurs ayant des emplois difficiles et qui sera financé à 100 %.

Pour les personnes en invalidité, en incapacité ou en inaptitude, un départ à 62 ans à taux plein sera toujours la règle. Les travailleurs en situation de handicap profiteront également de la possibilité de partir à la retraite plus tôt.

« Les travailleurs en situation de handicap, par exemple, pourront continuer à partir à la retraite à 55 ans »

Olivier DUSSOPT – Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion

Pour les aidants familiaux, une assurance vieillesse des aidants sera créée et permettra une validation de trimestres gratuits (sans cotisations). Cette assurance vieillesse sera élargie à davantage d’aidants, afin de prendre en compte les différentes situations de vie.

Sont concernés par cette étendue de l’assurance vieillesse :

  • Les aidants de personnes extérieures au cercle familial ;
  • Les aidants ne résidant plus au domicile de la personne aidée ;
  • Les aidants d’enfants ayant un taux d’incapacité inférieur à 80 % et éligibles à un complément d’Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé (AEEH).

L’AAH (Allocations aux Adultes Handicapés) dans cette nouvelle réforme des retraites

Si une personne en situation de handicap a un taux d’incapacité de minimum 80%, elle pourra cumuler l’AAH et la retraite, seulement si cette dernière est inférieure au montant de l’AAH (qui équivaut à 956,65 euros).

En revanche, si le taux d’incapacité est compris entre 50 et 79%, le ou la bénéficiaire de l’AAH ne pourra plus percevoir cette prestation après 62 ans. Cependant, la retraite pourra être complétée par l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) selon les conditions de ressources.

Handicap et retraite, vers toujours plus de précarité ?

Ce projet de loi oublie les personnes concernées par le handicap et la précarité qui malheureusement, les touche particulièrement et massivement.

Le maintien de l’âge légal de départ à la retraite pour les aidants familiaux est une avancée, mais pour quel montant ? Les 1 200 euros bruts annoncés représentent à peine 85% du SMIC, indexés à ce dernier et non à l’inflation qui est une réalité douloureuse pour tous et particulièrement pour les personnes en situation de handicap tout comme leurs familles.

« N’oublions pas les femmes, qui nous le remarquons trop souvent, sont précarisées dans le domaine du travail, d’autant plus lorsqu’elles sont mères d’un enfant en situation de handicap. Combien mettent leur carrière entre parenthèses pour accompagner leur enfant dans la pose d’un diagnostic, puis dans les différents rendez-vous avec des spécialistes, ou encore quand les enfants n’ont pas de place dans des établissements ? Autant de carrières hachées, de temps partiels et de salaires modestes, qui ne sont pas compensés par ce projet de réforme. Pour rappel, selon la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES), les femmes résidant en France perçoivent une retraite 40% inférieure à celles des hommes, 1154€ bruts contre 1931€ bruts » rappelle Jean-Louis Garcia, président de la Fédération APAJH.

En l’état, le projet de réforme des retraites proposés par le Gouvernement n’est pas à la hauteur des espérances et des besoins des personnes en situation de handicap et de leurs familles.

Pour en savoir plus sur ce projet de réforme des retraites, consultez le site officiel du Gouvernement