Le 17 juin aurait pu être le jour où l’Assemblée nationale voterait la déconjugalisation de l’Allocation Adulte handicapé. Mais, alors qu’une certaine unanimité citoyenne et politique s’était formée autour de cette mesure, le gouvernement a refusé le débat démocratique et a empêché des milliers de citoyens d’être autonomes financièrement. Témoignage de Virginie, bénéficiaire de l’AAH.

Tout d’abord, quel est votre ressenti après le fait que la déconjugalisation de l’AAH n’ait pu être soumise au vote ?

Cette décision reflète bien une globalité, une grande partie de la population est méprisée. Je pourrais citer également en exemple la réforme de l’Assurance chômage.

Vous êtes vous-même bénéficiaire de l’AAH. Que représenterait la déconjugalisation de l’AAH pour vous ?

Je suis actuellement en couple, mais nous avons beaucoup hésité mon conjoint et moi à nous mettre ensemble du fait de ce paramètre. Quand nous avons emménagé ensemble il y a quelques mois, j’ai même failli tout abandonner, car cela représentait une réelle perte d’indépendance. Pour le moment, nous ne sommes pas impactés car nos revenus ne dépassent pas les plafonds, mais jusqu’à quand ? Je sais qu’il y aura un certain abattement si mon compagnon continue de travailler, mais je ne sais pas de combien, ni à quelle date il sera effectif.

Concrètement, que représente la prise en compte des revenus de votre conjoint dans le calcul de l’AAH ?

C’est un perpétuel calcul, je suis actuellement en contrat saisonnier jusqu’à la rentrée, et sans chômage derrière. Du fait de mon handicap, j’ai des difficultés à retrouver un emploi, et sans mon AAH je me retrouverai sans revenus, ni chômage, ni RSA. Et j’ai plus de difficultés qu’une autre personne à trouver un emploi.

Les calculs de l’Allocation adulte handicapé sont compliqués, et l’AAH change de statut en fonction des organismes : une allocation, ou un revenu. Par exemple, dans les banques. Je considère que l’AAH ne devrait pas être versée par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), mais par un organisme autonome, comme les Maisons départementales des Personnes Handicapées, qui la verserait à la personne bénéficiaire, comme les Caisses Primaires d’Assurance Maladie versent la pension d’invalidité. Le handicap reste personnel.

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